Marguerite-Alice de Wegmann, Mme de Visme depuis 1898, et, Véga en littérature, est née à Paris. Tout enfant, elle se prit d’un goût très vif pour les choses des arts et des lettres. Elle n’avait pas revêtu la jupe longue de la Jeune fille qu’elle s’essayait à faire des vers. J’ai là sous les yeux une petite pièce qu’elle composa aux environs de sa seizième année, qui est fort jolie. Pourtant, elle n’apporte aucune hâte à produire ses poésies. « Ayant toujours eu, dit-elle, la vocation sérieuse et passionnée d’écrire, j’ai toujours craint par-dessus tout de le faire en amateur et d’être considérée comme telle. » Ceci explique qu’elle ait tenu à donner tout d’abord quelques études et essais en prose avant de livrer ses vers à l’impression. Et, lorsqu’on connaît sa crainte d’être accusée d’amateurisme, on n’est pas surpris que ses poésies dénotent un si grand souci de perfection, dans l’expression comme dans la forme.
Rendant compte de Légendes et Chansons, le premier recueil poétique de Véga, Auguste Sabatier écrivait dans le Journal de Genève : « Il me semble que Véga a beaucoup lu Alfred de Vigny et Sully-Prudhomme. Elle 8*eflforce d’écrire en vers comme le premier et de penser en symboles comme le second. Elle aime les légendes populaires, les mythes anciens, le paysage caractérisé, parce qu’elle trouve toujours le moyen d’y mettre ou d’en dégager une pensée morale, une leçon de choses vécues, un mouvement de l’âme vers l’au delà et le mystère, l’expression d’une douleur ou d’une espérance… J’ajoute que cette poésie, tout en étant essentiellement lyrique, c’est-à-dire subjective et intime, ne verse point dans l’effusion fastidieuse des sentiments personnels ni dans l’égotisme littéraire… »
Tout ceci s’applique encore fort bien dans l’ensemble au talent de Véga, à sa manière dernière. Elle a dû cependant étendre quelque peu ses relations littéraires ; après Vigny et Sully-Prudhomme il semble qu’elle ait pas mal fréquenté Lamartine, Chénier et J, -M. de Heredia. — Loin de moi de lui en faire un reproche. A se pénétrer du génie de ces grands poètes, sa personnalité n’a pas souffert et, pour son talent, il y a considérablement gagné. Il est devenu plus souple, plus fort et plus sûr de lui aussi. Véga est aujourd’hui en pleine possession de son métier d’artiste. Peu de femmes, parmi les meilleures poétesses contemporaines, travaillent leurs vers autant qu’elle et avec un bonheur égal. Elle bride avec un tact parfait son imagination qu’elle veut claire et mesurée ; sa forme est plastique et harmonieuse. Véga est une âme pieuse et sereine que la passion ne semble pas avoir troublée profondément, mais c’est surtout une âme d’artiste ardemment éprise de’beauté.
BIBLIOGRAPHIE. — POÉSIE. — Légendes et Chansons, A. Leraerre, Paris, 1898, in-18. — Le Jardin des Hespérides, Lemerre, Paris, 1903, in-18. — L’Ombre des Oliviers, A. Lemerre, Paris, 1908, in-18. — Prose, — André Gill, sa vie, ses œuvres, (en collaboration avec Armand