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Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages
Mes doigts ont parcouru d’infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m’ont prophétisé d’obscures trahisons.

Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! j’ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...

(Sillages.)


NUPTIALE


Elle viendra tantôt cette femme que j’aime !
Son voile aux plis flottants a de nobles ampleurs...
Vous qui savez chanter, chantez un beau poème
Et parsemez de fleurs et de fleurs et de fleurs
Le chemin lumineux de la femme que j’aime.
 
Elle viendra vers moi, très blanche dans le soir,
Cette femme que j’aime entre toutes les femmes !
Elle a le don de se vêtir et de se mouvoir
Et de marcher sans bruit ainsi que font les âmes...
Combien son pas léger est charmiant dans le soir !...

Et qui dira la beauté de Celle qui s’approche
Et m’apporte mon cœur entre ses tendres mains :
Son visage est parfait, son corps est sans reproche.
Son regard ne craint pas l’ombre des lendemains,
Elle sait que je l’aime. Elle vient et s’approche...

Vierges qui l’attendez, éteignez les flambeaux,
Disposez autour d’elle ainsi qu’une parure
L’ombre douce qui rend les visages plus beaux,
Le regard plus profond et la ligne plus pure...
Je l’entends... Elle vient... Éteignez les flambeaux.

(Sillages.)