Elle est encor miroir conservant ses reflets,
Tel un fruit endormi dans l’ombre et le mystère,
Dont la fraîcheur jamais ne se mêle à la terre.
Garde des vols d’oiseaux sur des ciels incomplets.
C’est fait du bal ; parmi la pourpre du rideau
Un rayon blanc se glisse en claire transparence,
Rafraîchissant à voir, ainsi qu’un filet d’eau,
Dans l’éblouissement du lustre et de la danse.
Tout pâlit ; la lueur des flambeaux allumés,
Comme en des lacs unis dont la froideur s’irise,
Vers les miroirs profonds tombe et se vaporise
Sur des gouffres d’azur aussitôt refermés.
Les toilettes de bal, légères, lumineuses,
Dans ce regard du jour aérien, charmeur,
Prennent un reflet vague et des teintes peureuses
De nacre qui s’éteint et de perle qui meurt.
La musique paraît plus flottante et lointaine.
Quelle main désunit la chaîne des chansons,
Mit tant d’espace au bord de l’aurore incertaine
Et donna tant de vie à ses premiers frissons ?
C’est un dispersement hâtif de toutes choses ;
Par la fête de nuit le plaisir attardé
Songe au départ enfin et frappe aux vitres closes.
Honteux et détournant son visage fardé :
« Ouvrez ! » Du fond des cieux les dernières étoiles
Vers les diamants fins tournent leurs yeux surpris.
Et les femmes, sous l’or défaillant des lambris.
L’aube se découvrant, s’enveloppent de voiles.
J’offre au Sommeil qui vient ma fatigue et mon rêve
Et mes actives mains qui se reposeront ;
Dans le dernier rayon de ce jour qui s’achève,
Les regards de mes yeux, les pensers de mon front ;