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Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/64

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LES MUSES FRANÇAISES


Mes cheveux détendus en coiffure sévère
D’éventail qui se ferme ou de vague au repos ;
Mon souffle où les chansons eurent la voix légère
Et qu’émut le refrain des fragiles pipeaux ;

Le chapelet où tient ma tranquille prière,
Dans le suc hyalin de ses grains transparents ;
L’aiguille et les ciseaux de tâche coutumière
Et la plume et le dé, précieux et différents.

J’offre encor mon sommeil que hante l’autre vie,
À ceux aimés qui s’endormirent avant moi
Pour ne plus retrouver la lumière ravie,
Et dont le souvenir est fait de mon émoi,

Afin, s’il se pouvait, les revoir dans un songe,
Bien plus beaux qu’ils n’étaient en leurs jours révolus,
Ou que Dieu me rejoigne à ceux qui ne sont plus.
S’il veut que mon sommeil confiant se prolonge !

(Au bord des Terrasses.)