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fluence que les uns et les autres auraient exercée sur l’évolution du capitalisme[1].

En France même, au XVIIIe siècle, les marchands, dans toutes les villes, reprochent aux Juifs de vendre à plus bas prix toutes sortes d’articles, de mauvaise qualité, prétendent-ils, et parviennent, notamment de 1730 à 1740, à les faire expulser de nombre de localités. Mais les Juifs conservent le droit de vendre dans les foires ; plus actifs, plus entreprenants, plus laborieux surtout, ils l’emportent souvent sur leurs confrères chrétiens. Malgré leur situation précaire, on voit certains d’entre eux (tels, les Dalpuget, de Bordeaux) créer un peu partout de véritables succursales ; il y avait là une idée féconde, qui doit s’épanouir au siècle suivant. On trouvera, à cet égard, des données bien précieuses dans l’ouvrage de Cirot, La situation morale et sociale des Juifs de Bordeaux[2].


7. La mobilisation de la vie économique. La spéculation et la publicité. — La cause à laquelle le professeur W. Sombart attribue les phénomènes nouveaux, qui contribueront à assurer le triomphe du capitalisme, peut être hypothétique. Il n’en a pas moins décrit avec beaucoup de force[3] ce qu’il appelle la « commercialisation » ou plus justement la « mobilisation » de la vie économique, qui fait les plus grands progrès au cours du XVIIIe siècle. Il montre très justement que les relations économiques tendent à devenir « impersonnelles », grâce au développement du « papiervaleur », qu’il s’agisse de la lettre de change « endossée », c’est-à-dire

  1. Pour la critique de la théorie de Sombart, voy. L, Brentano, Die Anfaenge des modernen Kapitalismus, 1916.
  2. Voy. aussi H. Sée, Note sur le commerce des Juifs en Bretagne au XVIIIe siècle (Revue des Études juives, 1925).
  3. Dans Der moderne Kapitalismus et dans Les Juifs et la vie économique, 1911 (trad. fr. 1923).