Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/122

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furent pas soumises à un régime purement mercantile. En outre, peuplées en partie par des réfugiés, des dissidents politiques ou religieux, elles aspiraient à se rendre plus ou moins indépendantes de la métropole[1].

Mais voici que le capitalisme, — du moins le capitalisme commercial —, fait de grands progrès, dès la première moitié du XVIIe siècle, et surtout vers le milieu du siècle. Ainsi s’explique le triomphe du système mercantile. Balance du commerce, réglementation des importations et des exportations, monopole commercial réservé aux négociants de la métropole : tels sont les principes essentiels de ce régime. En ce qui concerne les colonies, Postlethwayt, dans son Britain’s Commercial Interest explained[2], publié en 1747, marque le véritable caractère du monopole exercé par la mère-patrie :

« Les colonies ne doivent jamais oublier ce qu’elles doivent à la mère-patrie pour la prospérité dont elles jouissent. La gratitude qu’elles lui doivent les oblige à rester sous sa dépendance immédiate et à subordonner leurs intérêts aux siens. Elles doivent, en conséquence :

« 1° Donner à la métropole un plus grand débouché pour ses produits ; « 2° Donner de l’occupation à un plus grand nombre de ses manufacturiers, artisans, marins ; « 3° Lui fournir une plus grande quantité des objets dont elle a besoin. »

En conséquence, les colonies ne doivent pas se livrer aux métiers et aux cultures, pour lesquels elles se trouveraient en rivalité avec la métropole. Elles ne doivent,

  1. Voy. D. Pasquet, Histoire du peuple américain, 1924, t. I.
  2. T, I, pp. 107-108. — Sur tout ce qui suit, voy. Emory R. Johnson, History of Domestic and Foreign Commerce of the United States, 1915 (Public. de l’Institut Carnegie), t. I, p. 36 et suiv. Cf. Herbert L. Osgood, American Colonies in the XVIIth century ; George L. Beer, Commercial Policy of England towards the American Colonies (Studies in Historical, Economic and Public Law, Columbia College, 1893) ; C. L. Becker, Beginnings of the American People, Boston, 1914.