Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/16

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La disparition de l’esclavage, — au sens antique du mot —, son remplacement par le servage ont contribué aussi à rendre la société plus mobile. Caractérisé surtout par des obligations juridiques comme le chevage, le formariage et la mainmorte, le servage disparaît peu à peu, grâce aux affranchissements. Ces affranchissements ont surtout pour origine des phénomènes économiques, les défrichements, qui s’opèrent, de plus en plus nombreux, à partir du XIIe siècle : les seigneurs, laïques ou ecclésiastiques, appellent sur leurs terres des hôtes (qui sont souvent des serfs déserteurs), pour les mettre en valeur ; et, afin de retenir leurs propres serfs, ils doivent leur accorder des conditions meilleures. Ainsi, le servage ne constitue pas, comme l’esclavage, une condition immuable. Les affranchissements, si nombreux au XIIIe siècle, ont brisé réellement les cadres de la société féodale. Les classes rurales ne forment plus une masse compacte et uniforme : il y a, parmi elles, bien des catégories distinctes. Puis, les différences de conditions économiques font sortir encore des cadres bien des individus ; déjà, parmi les serfs, il en est d’assez riches, il en est d’assez entreprenants ou que les circonstances ont servis assez fortement pour qu’il leur soit possible de pénétrer dans les rangs des classes supérieures[1].


3. Les manifestations du capitalisme à Florence. — Cependant, c’est la vie urbaine qui va permettre les premières manifestations du capitalisme au Moyen âge, du moins sous sa forme purement commerciale. On les voit appa-

  1. Voy. Guilhiermoz, Essai sur l’origine de la noblesse en France, Paris, 1902 ; Fustel de Coulanges, Les origines du régime féodal ; Olivier Martin, Histoire de la coutume de la vicomté et prévôté de Paris, Paris, 1922, p. 13 et suiv., 122 et suiv., 230 et suiv. ; H. Sée, Les classes rurales et le régime domanial en France au Moyen âge, 1901, p. 156 et suiv. ; Marc Bloch, Rois et serfs, Paris, 1920.