Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/161

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sont eux qui ont commis de nombreux bris de machines en 1835, et qui, en 1839, ont adhéré au chartisme.

Cependant, la grande industrie capitaliste joue déjà un rôle prépondérant ; et c’est la raison pour laquelle l’Angleterre a été la première à avoir une législation ouvrière (factory acts), dont les grandes lignes étaient déjà fixées en 1850 ; la loi des Dix Heures, de 1847, a été un événement décisif.


2. Progrès plus lents en France. — L’évolution capitaliste, en France, dans la première moitié du XIXe siècle est, quoique le prétende M. Choulguine[1], beaucoup moins avancée qu’en Angleterre. Au lendemain de la Révolution, comme M. Georges Hottenger le montre fortement pour la Lorraine, si les institutions juridiques ont été profondément modifiées, la vie économique reste ce qu’elle était sous l’Ancien Régime. Les événements de la Révolution ont même appauvri les villes. Les moyens de communication sont encore plus malaisés qu’avant la Révolution. Les transactions commerciales restent languissantes ; le crédit est fort mal organisé ; les banquiers font défaut et l’on doit recourir aux usuriers. Enfin, l’industrie manque d’ouvriers qualifiés et les améliorations, techniques apparaissent à peine.

En ce qui concerne l’industrie métallurgique, bien que quelques grandes usines aient été fondées, comme celle de Fourchambaut, bien que Le Creusot ait un outillage assez moderne, on s’en tient encore aux anciennes pratiques. La fonte au coke est encore assez peu employée et la fonte au bois reste prédominante : en 1840, la première n’est encore employée que dans 41 hauts fourneaux sur 462, et la transformation ne deviendra rapide qu’a-

  1. L’organisation capitaliste de l’industrie existait-elle en France à la veille de la Révolution ? (Revue d’Histoire économique, an. 1922, p. 184 et suiv.).