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cité commerciale fait de grands progrès. Escomptant les profits que devaient lui procurer les « annonces », Émile de Girardin eut l’idée de créer la presse à bon marché ; en 1836, il constitua, pour fonder la Presse, une société par actions, au capital de 800 millions (les actions étaient de 250 francs). La même année fut créé le Siècle, au capital de 600 millions (actions de 200 fr.). La Presse eut bientôt 20 000 abonnés. Cette industrialisation de la presse fut une véritable révolution : tous les autres journaux suivirent l’impulsion et, de 1836 à 1845, rien qu’à Paris, 1 600 journaux furent fondés[1].


3. Renaissance économique de la Belgique. — Cependant, une manifestation significative clés progrès du capitalisme, ce fut l’essor économique de la Belgique, qui avait tant souffert, depuis le XVIe siècle, de la domination espagnole, et dont l’agriculture seule s’était relevée au XVIIIe[2]. Voici que son industrie, dont la renaissance a commencé sous le Premier Empire, prend une marche plus rapide que celle de la France, grâce à ses ressources en houille, à sa situation géographique, aux qualités de ses habitants : la métallurgie, les manufactures cotonnières deviennent fort actives. Déjà, en 1822, le roi des Pays-Bas avait créé la Société générale pour favoriser le commerce et l’industrie, qui fut une institution utile, de crédit. Lorsque la Belgique fut devenue indépendante, à partir de 1830, le progrès économique s’accéléra encore. La Banque de Belgique, fondée en 1835, servit d’abord surtout de couverture aux spéculations royales, mais elle devait bientôt accroître notable-

  1. Voy. Georges Renard, Les travailleurs du livre, t. II, p. 230 et suiv. ; Eugène Hatin, Histoire de la presse en France, 1859 ; Alfred Sirven, Journaux et journalistes, 1866.
  2. Voy, H. Pirenne, Histoire de Belgique, t. V ; Hubert van Houtte, Histoire économique de la Belgique à la fin de l’ancien régime, Gand, 1920.