Page:Sée - Les Origines du capitalisme moderne.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Pulci, les Alfani, deviennent si puissants qu’ils finissent par se faire donner un pouvoir princier.

La puissance financière des capitalistes italiens devient si grande qu’ils exercent leur emprise sur tout l’Occident chrétien, en France, en Espagne, en Portugal, en Angleterre. Seigneurs, prélats, villes et rois, partout, ont recours aux banquiers florentins et lombards ; Biche (Biccio) et Mouche (Musciatto) ont été les hommes à tout faire de Philippe le Bel. On inquiète parfois ces financiers florentins comme usuriers, on les traite parfois comme on le fait des Cahorsins et des Juifs, mais on ne peut se passer d’eux. Les Italiens, en réalité, ont été les premiers détenteurs du capitalisme financier.

Ils ont été aussi les premiers, avec les gens des Pays-Bas, à soumettre l’industrie à la domination du capitalisme. Les fabricants drapiers, qui, à Florence, constituent l’arte della lana, après avoir acheté la laine à l’étranger, la font travailler par de nombreux artisans de la, ville et de la campagne : tisserands, foulons, teinturiers, qui se trouvent sous leur complète dépendance, C’est que l’industrie lainière travaille en gros pour l’exportation. Voilà un premier exemplaire de l’industrie domestique, qui, partout, doit jouer un si grand rôle dans l’évolution du capitalisme. Lorsque l’arte di Calimala tombe en décadence, au XIVe siècle, c’est l’arle della lana qui la supplante et qui restera florissante jusqu’au milieu du XVe siècle ; puis, c’est l’arte della seta, l’industrie de la soie, qui passera au premier plan, jusque vers la fin du XVIe siècle, jusqu’au moment où la France lui fera une redoutable concurrence. La vie économique s’affaiblit, en effet, en Italie, dès cette époque ; ce sont les puissances maritimes de l’Occident qui déjà tiennent le premier rang.


4. Le capitalisme aux Pays-Bas — On saisit aussi aux