Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

m’avez fait tant de bien, que j’aime tant, vous allez donc nous quitter ? Je ne vous verrai plus ?

Mademoiselle Primerose, d’un air décidé.

Non, non, ma chère petite ; sois tranquille ; je te verrai, tu me verras, tu verras Rame et Pélagie. J’ai aussi mes petits projets, moi ; et je vexerai ce seigneur pacha qui veut nous vexer pour venger son cher fils de la honte qu’il s’est attirée par sa scélératesse. Ah ! mon beau cousin ! vous voulez nous punir, nous affliger tous du même coup de filet ! Du tout, du tout. Je ne vous laisserai pas faire ; je suis là, moi. — Voici ce que je vais faire. — Je vais prendre une maison à Auteuil, à la porte de Paris. Je vais m’y installer avec toi, avec Pélagie, Azéma et Rame. Tu iras en pensionnaire externe chez les Dames de l’Assomption ; tu mangeras et tu coucheras chez moi ; tu seras tranquille, heureuse. Ton oncle enragera, et je me moquerai de lui, je ne perdrai pas une occasion de le faire enrager.

Geneviève, l’embrassant.

Merci, ma bonne cousine, de votre bonne pensée ; mais mon oncle le voudra-t-il ?

Mademoiselle Primerose.

Il faudra bien qu’il le veuille ; j’ai sa lettre qui m’autorise à faire de toi ce que je voudrai. Et je veux cela, moi ; il ne peut pas m’en empêcher.

Pélagie.

Mais, Mademoiselle, permettez-moi de vous faire observer que ce sera un établissement bien cher ; votre fortune pourra-t-elle suffire à la dépense ?