Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/258

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Mademoiselle Primerose.

Je n’en sais rien ; mais tu as quelque chose d’extraordinaire ! Es-tu malade ?

Georges.

Non,… oui,… je ne sais pas,… je ne me sens pas bien. Je vais dans ma chambre.

Mademoiselle Primerose.

Viens chez moi, que je te fasse prendre quelque chose. En effet, tu es tout pâle.

Georges.

Non, non, merci,… merci, ma cousine ; ce n’est rien… J’ai trop travaillé… Je vais me reposer jusqu’au déjeuner. »

Georges la quitta en pressant le pas, rentra chez lui et s’enferma dans sa chambre.

« Dieu ! que j’ai eu peur ! Quel guignon d’avoir rencontré cette assommante femme ! Dieu sait ce qu’elle va dire à mon père. — Pourvu qu’il ne soupçonne rien. Cette femme est si bavarde… Heureusement que j’ai le temps de me préparer. »

Pendant que Georges se préparait, en effet, à répondre à tout, la malheureuse Geneviève était plus morte que vive ; elle avait tout vu, tout deviné d’après quelques mots échappés à Georges, et plus elle entendait et voyait, plus elle tremblait d’être enfin aperçue ; elle retenait sa respiration, elle comprimait les battements de son cœur, le tremblement de ses membres. Enfin, quand elle vit la porte se refermer, qu’elle entendit les pas de Georges qui s’éloignait, elle sortit du coin obscur où elle s’était cachée et chercha à gagner un fauteuil ; elle