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Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/268

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Geneviève.

Rame ! Rame ! Mon Dieu, ayez pitié… »

Geneviève n’acheva pas et perdit connaissance.

« Vous êtes cruel, Monsieur ! s’écria à son tour Mlle Primerose, en relevant Geneviève et en la posant sur un canapé.

M. Dormère.

Cruel ! cruel envers une malheureuse qui se rend complice d’un vol pour sauver un misérable !

Mademoiselle Primerose.

Ne flétrissez pas de ces accusations un ange de vertu, de courage, de dévouement.

M. Dormère.

Et qui donc puis-je accuser, si ce n’est Rame ? D’après ses propres aveux, une seule personne est entrée dans cette malheureuse bibliothèque, et elle refuse de me dire le nom de cette personne qui, dit-elle, a volé les dix mille francs qui me manquent.

Mademoiselle Primerose.

Cela veut-il dire que ce soit Rame qui les ait pris ou plutôt volés, car le mot est juste ?

M. Dormère.

Cela veut dire que si elle avait nié avoir vu entrer quelqu’un, il devenait trop clair que c’était un ami ou elle-même qui était la voleuse. Et, une fois cet aveu échappé à sa frayeur, elle n’a pu nommer personne, parce qu’il eût été trop facile de la confondre en la confrontant avec l’individu désigné par elle.

Mademoiselle Primerose, avec mépris.

Toujours injuste, toujours aveugle ; vous l’avez