Page:Ségur - Aprés la pluie, le beau temps.djvu/84

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Geneviève.

Comment feras-tu, mon pauvre Rame ? Tu n’as rien pour les prendre.

Rame.

Moi pas avoir besoin rien. Prendre écrevisses tout seul.

Geneviève.

Comment vas-tu faire ?

Rame.

Voilà ! eau pas profonde ; moi entrer, écrevisses mordre jambes ; moi prendre vite, une, deux, dix, vingt. Petite maîtresse avoir beaucoup.

Georges.

Tiens ! c’est une bonne idée ça ; allons, vite dans l’eau, le nègre.

Geneviève.

Non, non, Rame ; je ne veux pas que tu te fasses mordre pour moi ; cela te fera mal et je ne veux pas.

Rame.

Pas mal du tout, petite maîtresse ; moi sais bien. »

Et il se mit à défaire ses souliers.

Georges.

Laisse-le faire ! puisqu’il veut bien.

Geneviève.

Rame veut se faire piquer pour que j’aie des écrevisses : je ne le veux pas.

Georges.

Et moi je veux ; je suis plus maître que toi : Rame est chez papa, il n’est pas chez toi. Je lui ordonne d’aller dans l’eau.

Le nègre ne bougeait plus.