Page:Ségur - Comédies et proverbes.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en garnissant les vases de bouquets, pour avoir enfin des manières communes et du plus mauvais goût.

Mathilde.

Je crois que j’entends la voiture. (Elles se précipitent toutes les quatre à la fenêtre.)

Berthe.

Non ; il n’y a rien.

Madame D’Embrun.

Encore ? C’est intolérable ! Venez toutes deux vous asseoir auprès de moi et ne bougez plus.

Alice.

Mais, ma cousine…

Madame d’Embrun.

Il n’y a pas de mais, mademoiselle. Dans mon enfance, quand ma mère (que je n’avais pas le mauvais goût d’appeler maman), quand ma mère, dis-je, s’absentait, j’attendais tranquillement et convenablement son retour, dans le salon, en grande toilette.

Berthe.

Mais quand vous l’entendiez arriver ?

Madame d’Embrun.

J’attendais debout au milieu du salon que ma mère entrât, et quand la porte s’ouvrait…

Alice.

Vous couriez à elle et vous vous jetiez à son cou.

Madame d’Embrun.

Fi donc ! quel genre ! J’attendais qu’elle vînt à moi ; je faisais une profonde révérence ; je m’inclinais pour lui baiser la main pendant qu’elle m’embrassait sur le front et j’attendais pour parler qu’elle m’interrogeât.