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M. de Pontisse.

Rien de plus facile que de nous en assurer ; je vais retourner à la maison, et je reviendrai vous dire s’ils y sont.


Scène XIX

Les précédents, Hector, Achille, M. de Ramière.


(Il sort : à peine a-t-il passé le seuil de la porte encore ouverte qu’il pousse un cri perçant : « Gudule ! Gudule ! ma fille ! mon enfant ! » Mme de Pontisse se précipite à la porte, au moment où M. de Ramière, ruisselant d’eau, entre, tenant dans ses bras Gudule, pâle, les yeux fermés, sans connaissance et ruisselante comme M. de Ramière. Léonce suit en se tordant les mains, et soutenu par Hector et Achille.)

M. de Ramière.

Vite, un médecin, du linge sec, un lit chaud. Elle vit, elle respire ; nous la ferons revenir. (Il pose Gudule sur un tapis ; la chambre se remplit de monde ; Mme de Pontisse, à moitié évanouie, à genoux, regarde sa fille sans proférer une parole ; Léonce sanglote et s’écrie :)

C’est moi ! c’est pour moi ! Je suis cause de tout !… C’est moi qui la tue !… Gudule ! bonne, excellente sœur ! Pardonne-moi !… Je suis ton assassin !… Maman ! papa ! tuez-moi ! je le mérite ! Vengez Gudule ! (M. de Pontisse saisit Léonce par le bras, le secoue fortement.)

M. de Pontisse, d’une voix étranglée par l’émotion.

Toi, assassin !… tu mens ! C’est impossible !… Dis-moi que tu mens ! Ta sœur ! Je te dis que c’est impossible ! Tu mens ! (Léonce veut parler ; Hector l’en empêche, il lui met la main sur la bouche.)