Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/139

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Moutonet jeune.

Oui, mam’selle. »

Le Moutonet jeune prit la fourchette sale, l’essuya avec un bout de chiffon qui était dans un coin et la rendit à Félicie.

Félicie, en colère.

Sale paysan ! Faut-il être dégoûtant pour faire des choses comme cela !

Moutonet jeune.

Dame ! mam’selle, nous autres c’est comme ça que nous faisons.

Cunégonde.

Il n’y a pas moyen de manger avec des couverts si dégoûtants.

Moutonet jeune.

J’en suis bien désolé, mam’selle, mais je ne sais qu’y faire. Je vais demander à la mère Robillard. »

Moutonet jeune disparut et ne revint plus. Il s’était faufilé parmi les garçons qui aidaient au service de la grande table, et il se consola des impertinences de Félicie par les rires et par la franche gaieté de ses compagnons.

La mère Robillard ne tarda pas à revenir, rouge et essoufflée, pour savoir ce qu’il y avait et pourquoi Moutonet jeune était tout triste.

La baronne.

Votre Moutonet est un imbécile, madame ; il n’entend rien au service.

Mère Robillard.

Quant à imbécile, il ne l’est pas, sauf votre respect, madame la baronne. Et quant au service, il