Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/184

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Le général.

C’est une femme charmante ; elle a été veuve très jeune, je crois ?

Madame d’Orvillet.

Quinze jours après son mariage, M. de Saintluc a été pris d’une fièvre pernicieuse, et il est mort après une maladie de trois jours.

Le général.

L’a-t-elle beaucoup regretté ?

Madame d’Orvillet.

Elle a été affligée pendant quelque temps ; mais tu sais que ce mariage lui a été imposé par sa mère ; elle n’aimait guère son mari ; et puis elle l’avait si peu connu, que son chagrin n’a pas été de très longue durée.

Le général.

Et par quel hasard est-ce elle qui nous amène Gertrude, et pas notre sœur ?

– Parce qu’Amélie est partie pour les Pyrénées avec son mari ; et sa belle-sœur, Mme de Saintluc, lui a proposé de nous amener Gertrude, pour la distraire du chagrin de sa séparation avec sa mère.

Le général.

Très bien ! Cela me fera plaisir de les revoir. Je n’ai pas vu Mme de Saintluc depuis son mariage, c’est-à-dire depuis dix ans ; et quant à Gertrude, elle avait dix ans la dernière fois que je l’ai vue.

Madame d’Orvillet.

Elle en a quatorze à présent ; c’est une jeune personne tout à fait exceptionnelle pour tout ce qui est