Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/241

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Gertrude ne voulut pas trop la pousser à changer sa réponse à sa mère ; elle l’embrassa et lui dit :

« C’est ça, réfléchis bien. Avant de te décider, veux-tu venir avec moi à la messe demain matin ? nous prierons ensemble le bon Dieu de t’indiquer ce que tu dois faire, et tu diras ensuite à ma tante ce que tu auras décidé. »

Félicie, flattée d’être traitée par Gertrude comme son égale d’âge et de raison, accepta avec empressement l’offre de sa cousine, qu’elle aimait de plus en plus. Elle lui reparla plus d’une fois dans la journée de son affaire, comme elle l’appelait ; Gertrude l’écouta toujours avec douceur et lui parla avec amitié ; ses conseils, pleins de raison, firent quelque impression sur Félicie.

Pendant que les deux cousines causaient, M. d’Alban marchait à grands pas dans sa chambre.

« Cette petite fille est une péronnelle, une petite sotte, dit-il enfin. Tu es trop bonne pour elle, Hélène. Tu n’aurais pas dû la consulter ; tu aurais dû faire la chose comme tu l’entends et ne pas sacrifier ce pauvre Diloy au sot orgueil de cette petite fille sans cœur.

Madame d’Orvillet.

J’aurais peut-être mieux fait, Albert ; mais le pauvre Diloy en eût souffert tout le premier. J’espère que Félicie changera d’avis.

Le général.

Je n’espère rien du tout, à moins que ma bonne petite Gertrude ne parvienne à lui donner un peu