Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/294

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me promettre de m’accorder ce que je vous demanderais.

Le général.

Je vais te prouver tout de suite que tu demandes l’impossible. M’aimes-tu, toi ?

Gertrude, vivement.

Oui, mon oncle ; beaucoup, beaucoup.

Le général.

Et crois-tu que Félicie m’aime ?

Gertrude, hésitant.

Pas tant que je vous aime ; mais pourtant…

Le général.

Elle me déteste, je le vois bien. Et crois-tu que je l’aime ?

Gertrude.

Hélas ! non, mon oncle.

Le général.

Et enfin, une dernière question. Crois-tu que je t’aime ?

Gertrude.

Oh oui ! mon oncle ; j’en suis sûre.

Le général, l’embrassant.

Et tu as raison, chère enfant ; je t’aime parce que tu es bonne, pieuse, charitable, excellente en un mot. Et comment veux-tu que je traite avec la même amitié la nièce que j’aime et qui m’aime, et celle que je n’aime pas et qui ne m’aime pas ? Je te le demande à toi-même. Ce serait-il juste et bien ?

Gertrude.

Pas tout à fait, mon oncle, mais ce serait bien beau.