Page:Ségur - Diloy le chemineau, Hachette, 1895.djvu/78

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toire. D’abord elle ne comprenait rien ; elle riait parce qu’elle croyait que l’ours avait fouetté Cunégonde…

Félicie.

Comme c’est bête !

Laurent.

Ce n’est pas bête du tout ; nous racontions mal. Elle croyait ensuite que nous avions rêvé, comme le bonhomme qui a rêvé qu’il a fouetté Cunégonde.

Félicie.

Il n’a pas dit fouetté, il a dit battu.

Laurent.

C’est la même chose, battue ou fouettée.

Félicie.

Non, ce n’est pas la même chose.

Laurent.

Ah bah !… C’est égal, tu aurais dû venir chez ma pauvre bonne, qui nous aime tant. N’est-ce pas maman ?

Madame d’Orvillet.

Certainement, mon cher petit ; si Félicie aimait sa bonne comme elle devrait l’aimer, elle aurait senti comme vous le besoin de lui raconter le danger qu’elle a couru, et la reconnaissance qu’elle devrait avoir pour ce bon chemineau.

Félicie.

Je ne dois rien, moi, à cet homme ; il a voulu prendre l’ours pour gagner cent francs, et pas du tout pour me sauver.

Madame d’Orvillet.

Ce que tu dis là est très mal. Ce pauvre homme