Page:Ségur - Jean qui grogne et Jean qui rit.djvu/58

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même. Bien merci, monsieur ! Pardon de vous avoir dérangé.

L’homme.

Pas de dérangement, mon ami… Mais, j’y pense, je vais à Vannes ; montez dans ma carriole, c’est votre route, et cela vous avancera toujours de quatre lieues, car vous n’êtes guère à plus d’une lieue d’Auray.

Jean.

Bien des remerciements, monsieur ; ce n’est pas de refus.

L’homme.

Alors, montez vite et partons. Je suis pressé. »

Jean grimpa lestement et fit grimper Jeannot, qui n’avait pas dit une parole. Jean se mit près du maître de la carriole ; Jeannot se plaça dans le coin le plus reculé. Le brave homme, qui recueillait les petits voyageurs, fouetta son cheval, et on partit au grand trot. Jean était enchanté ; il n’avait jamais roulé si vite. Jeannot semblait effrayé ; il se cramponnait aux barres de la carriole. Le conducteur se retourna et regarda attentivement Jeannot.

L’homme.

Ton camarade est muet, ce me semble ? »

Jean rit de bon cœur.

Jean.

Muet ! Pour cela non, monsieur ; il a la langue bien déliée. Il ne dit rien, c’est qu’il a peur.

L’homme.

Peur de qui, de quoi ?