Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

suis heureux ; tu sais que j’avais envie de mourir ; je ne te laisse pas seule ; je te donne au frère de mon cœur,… Je te le demande, ma sœur chérie : sois sa femme ; il te le demande aussi, promets-le-moi, Caroline. Mon ami, dites-lui… Caroline, je vais mourir ; dis oui. »

Le brigadier s’était approché de Caroline, qui pour toute réponse lui tendit une de ses mains, pendant que Gribouille retenait l’autre dans les siennes.

« Caroline, dit le brigadier d’une voix émue, je jure à mon pauvre frère mourant de vous consacrer ma vie et de faire de votre bonheur ma principale et ma plus chère occupation.

— Caroline, tu ne dis rien, reprit Gribouille avec inquiétude ; dis, l’aimes-tu, seras-tu sa femme ?

— Je l’aime et je serai sa femme, répondit Caroline d’une voix à peine intelligible.

— Merci, Caroline, merci ;… adieu, ma sœur ;… bénis-moi… Adieu, mon frère… M. le curé,… où est-il ?… Je ne vois plus bien.

— Ici, près de vous, mon enfant », dit le curé, qui avait suivi Caroline et qui préparait les saintes huiles pour la dernière cérémonie de l’extrême-onction.

Gribouille semblait retrouver l’intelligence dont il avait été privé ; il manifesta les meilleurs sentiments religieux, continua à consoler Caroline et le brigadier, et demanda M. Delmis ; le brigadier s’empressa de satisfaire au vœu du mourant. Quand il