Page:Ségur - La soeur de Gribouille, Hachette, 1886.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

madame delmis.

Comment, pas elle ! Qui voulez-vous qui les lui fasse ?

rose.

On m’avait déjà dit que c’était sa mère qui taillait et bâtissait les robes, et que Caroline ne faisait que les coudre. J’avais toujours traité ces propos de mensonges ; mais,… d’après ce qui arrive aux robes de madame, je croirais assez qu’on a dit vrai.

madame delmis.

Pourquoi ne m’avez-vous pas avertie ? je n’aurais donné à faire qu’une seule robe, pour voir ce qui en était. Je parie que les autres ne vont pas aller non plus. Ce sera bien votre faute, Rose ; je ne suis pas contente du tout de votre sotte réserve.

rose.

Madame sait qu’on dit tant de choses qui ne sont pas vraies ! Si on croyait tout ce qui se dit, et qu’on allât le répéter partout, on ferait du tort à de bien braves gens qui ont besoin de gagner leur vie. Je n’aime pas Gribouille, qui est brutal et grossier ; mais je ne déteste pas Caroline, et je n’aurais pas choisi le moment de son malheur pour lui faire perdre les bontés de madame et son gagne-pain. Madame a été si bonne pour elle ! C’est à madame qu’elle doit toutes ses pratiques.

madame delmis.

Elle reconnaît singulièrement mes bontés en me gâchant deux robes.