Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/158

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rents de Lamalice. Il était riche, avare et méchant ; il faisait toutes sortes de méchancetés à Lamalice et à ses parents : tantôt il arrachait leurs légumes, tantôt il couvrait d’ordures le linge qu’ils faisaient sécher dans leur jardin. Il leur avait demandé de lui vendre la moitié de ce jardin pour agrandir le sien, et surtout pour avoir un poirier qui donnait de si beaux fruits, qu’il était connu sous le nom de poirier merveilleux. Esbrouffe était gourmand et avare ; il voulait manger et vendre ces poires merveilleuses. Plusieurs fois il avait essayé d’en voler ; chaque fois il lui était arrivé un accident fâcheux : une fois il tomba de l’arbre et se démit le poignet ; une autre fois il culbuta dans un baquet d’eau sale.

Lorsque Sanscœur refusa son jardin et son poirier à Esbrouffe, celui-ci jura de s’en venger.

« J’aurai votre poirier, ou je vous ferai mourir de misère et de chagrin ! » dit-il avec colère.

Sanscœur leva les épaules, sa femme aussi ; Lamalice sourit. Esbrouffe, n’osant s’attaquer aux parents, se tourna vers la petite :

« Tu me payeras ton sourire insolent ! dit-il en lui montrant le poing.

— Vas-tu nous laisser tranquilles, faiseur d’embarras, amateur de poires ! » dit Sancœur en se levant et en marchant sur Esbrouffe.

Ce dernier était poltron ; il crut prudent de ne pas trop laisser approcher son ennemi, et, ouvrant la porte avec empressement, il sortit en la refermant avec violence. Un petit cri doux, mais