Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/161

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c’est la reine des fées, qui m’a condamnée à rester souris pendant mille ans, pour me punir d’avoir résisté à ses ordres.

Lamalice.

Quels ordres ?

La souris.

Tu es bien curieuse, Lamalice ; au lieu de tant parler, tu devrais me demander ce que tu désires avoir : je t’ai dit que je te l’accorderais. Veux-tu de l’or, des terres, des bijoux, des maisons ?

— Non, dit Lamalice en secouant la tête d’un air réfléchi ; à quoi servent la fortune, l’or et tout cela ? à rendre paresseux, méchant, orgueilleux. Non, je ne veux rien de ce que vous m’offrez.

La souris.

Tu ne désires rien ?

Lamalice.

Pardonnez-moi, je désire quelque chose, mais vous ne pouvez pas me l’accorder.

La souris.

Qu’en sais-tu ? Essaye. Dis ce que tu veux.

— Je voudrais, dit Lamalice en rougissant légèrement, débarrasser mes parents du voisinage d’Esbrouffe et l’obliger à s’en aller si loin nous n’en entendions plus parler.

— Ce sera facile, répondit la souris. Ouvre la porte et suis-moi. »

Lamalice ouvrit la porte ; la souris s’élança dehors avec la même vitesse que si elle n’avait pas eu la patte cassée ; elle courait si vite que Lamalice avait peine à la suivre : mais elle n’alla pas