Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/176

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Consolé par cet espoir de vengeance, Esbrouffe se coucha, quoique tremblant encore et regrettant amèrement son Minet, qui l’aidait dans toutes ses méchancetés avec une intelligence merveilleuse. Le lendemain il guetta le départ de Sanscœur, et, quand il le crut assez loin, il entra chez Lamalice, qui travaillait déjà près de sa cousine.

« Déjà à l’ouvrage, la voisine ! Pour qui travaillez-vous avec tant d’ardeur ?

— Ce n’est pas pour vous, bien sûr !… Maladroit ! » s’écria-t-elle en se relevant vivement.

Esbrouffe avait répandu sur l’ouvrage de la femme Sanscœur un encrier plein qu’il tenait à la main.

« C’est de la méchanceté et pas de la maladresse, dit Lamalice en regardant le sourire méchant et hypocrite du gros Esbrouffe.

Esbrouffe.

Hélas ! mon Dieu ! comment pouvez-vous croire cela ? Je suis désolé ! mon encre perdue !

Lamalice, vivement.

Vous payerez le jupon que vous avez abîmé ; nous n’avons pas de quoi.

Esbrouffe.

Moi ? par exemple ! Vous ne m’y forcerez certainement pas.

— C’est ce que nous verrons ! » dit Lamalice en quittant la chambre.

Esbrouffe profita de l’absence de Lamalice pour faire quelque nouveau dégât. Il allongea la main pour saisir et jeter par terre une pile d’assiettes