Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/198

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entendre : il eut peur pour lui-même, et, abandonnant sa cousine à la vengeance d’Esbrouffe et à la fureur du peuple, il se sauva par une porte de derrière, entraînant sa femme avec lui.

Lamalice entendait ce qui se disait et ce qui se faisait ; à moitié morte de terreur, elle était tombée le visage contre terre et restait immobile dans cette position.

« Souris, souris, avait-elle pensé, vous m’avez abandonnée ! »

La foule l’avait cherchée partout et se disposait à se retirer, pensant qu’elle s’était enfuie, comme ses parents, par la porte de derrière. Esbrouffe, furieux de voir sa vengeance lui échapper, continuait ses recherches ; le linge blanc qui se trouvait par terre excita ses soupçons ; il le retira, aperçut la trappe, la souleva et, à sa grande joie, vit la malheureuse enfant étendue à terre au milieu de la cave.

« La voici, je l’ai trouvée ! À moi, mes amis ! Prenons la sorcière. »

La foule accourut ; deux hommes descendirent l’échelle qui menait à la cave, relevèrent Lamalice, pâle et sans mouvement, et la montèrent, non sans quelque répugnance. Cette enfant leur faisait pitié, ils ne croyaient guère aux paroles d’Esbrouffe, qu’ils méprisaient et détestaient au plus haut point.

« La voilà, dirent-ils en la posant à terre ; la pauvre enfant fait pitié. Je vous demande un peu si ça a l’air d’une sorcière ! Une enfant si jeune !

— Mes chers amis, je vous assure, commença Esbrouffe d’un air mielleux…