Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/242

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mestiques accourent : nous nous amusons beaucoup de ce pauvre cochon ; enfin il devient si bruyant, grognard, méchant même qu’on le pousse, on l’oblige à retourner à la ferme et à rentrer dans sa petite étable ; il tombe sur la paille et s’endort. Nous nous en allons.

Vous croyez peut-être que c’est fini ; pas du tout : ça ne fait que commencer.

Jacques.

Tant mieux ! parce que c’est très amusant.

Pierre.

Je suis content que cela vous amuse. Vous allez voir. Nous racontons au salon comment le cochon s’est enivré, comment il sautait, dansait et faisait beaucoup de bêtises, et puis nous nous couchons.

Ce n’est pas tout. Vous allez voir. Le lendemain nous nous levons, nous déjeunons et nous sortons. À peine sortis, nous voyons arriver la grosse fermière, car j’ai oublié de vous dire qu’elle était très grosse. La grosse fermière arrive tout effarée.

« Messieurs, dit-elle, je voudrais bien voir votre maman ; elle a de si bons remèdes pour toutes sortes de choses : je veux bien lui en demander un pour notre cochon, sauf votre respect. »

Ils disent toujours cela quand ils parlent d’un cochon.

Nous lui demandons si son cochon est malade.

« Mais je ne sais pas ce qu’il a, monsieur ; depuis hier il ne bouge pas plus qu’un mort ; il est resté couché sur le côté où vous l’avez vu tomber hier.