Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/323

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« Veuillez excuser, madame, dit Mme de Rouville, le désordre dans lequel se trouvent ces enfants… Pourquoi êtes-vous comme au sortir d’un combat ? ajouta-t-elle en jetant un regard mécontent sur Camille.

Camille.

Nous jouions, maman, à délivrer Sophie d’une bande qui l’entourait, et nous sommes un peu décoiffés.

— Un peu est joli ! Décoiffés, déshabillés ; vous avez l’air de gamins des rues. Nous vous laissons à vos jeux désordonnés. Quand vous serez présentables, vous viendrez au grand salon. »

Mme de Rouville se retira avec les personnes qu’elle avait amenées ; les enfants restèrent un peu confus, puis ils sourirent en se regardant, puis ils rirent à gorge déployée et ils coururent s’arranger chacun chez soi.

Quand la nouvelle voisine, Mme Delmis, fut partie, Mme de Rouville appela les enfants.

« Comment se fait-il, leur dit-elle, que vous ayez joué si brutalement et avec une telle violence ? Vous aviez l’air tous de déguenillés et de fous quand j’ai fait entrer Mme Delmis. Les habits déchirés, les visages enflammés, les cheveux hérissés ou épars ; le parquet couvert de souliers, de mouchoirs, de lambeaux de vêtements : tout cela vous donnait un aspect si affreux, que j’ai été honteuse de vous et pour vous.

— Maman, dit Camille, nous ne pensions pas que personne entrât dans le salon où nous étions ;