Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/347

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presque ne pas trouver sa cassette, tant elle était honteuse de sa fausse accusation et du dérangement qu’elle avait causé au bourgmeister et à toute son escorte.

Quand ils entrèrent, ils trouvèrent la chambre telle que ma tante l’avait laissée ; la cassette, les manteaux, la montre, tout y était, rien ne manquait. Ma tante fit mille excuses au bourgmeister, témoigna ses vifs regrets à l’aubergiste et lui donna une forte somme pour lui faire oublier sa fausse accusation. Le bourgmeister demanda à ma tante de vouloir bien monter dans sa voiture pour revenir à Bamberg. Ma tante n’osa refuser, mais elle était si honteuse qu’elle aurait bien préféré être seule avec Pulchérie dans sa berline.

Avant de partir, elle demanda à l’aubergiste comment elle s’était trouvée près d’un ours et d’un loup. L’aubergiste sourit et lui dit que le mauvais temps avait forcé un conducteur d’ours et de loups savants à lui demander un abri pour la nuit, et qu’il avait mis les bêtes féroces sous la remise à la place de la voiture. Tout était expliqué, à la plus grande confusion de ma tante, qui avait pensé que l’ours et le loup étaient là pour manger les corps des gens assassinés par l’aubergiste.

Le bourgmeister rit de si bonne grâce de l’erreur de ma tante, qu’il finit par la mettre à l’aise et qu’elle s’en amusa elle-même par la suite. Elle continua et acheva heureusement son voyage ; c’est elle-même qui nous a raconté cette histoire, qui nous a bien amusés.