Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/60

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de lui à table ; alors maman a dit que tu me laves et m’habilles.

Sophie.

Moi et Arthur aussi alors ?

Léonce.

Non, vous dînerez sales comme vous êtes.

Sophie.

Pourquoi donc nous et pas toi ?

Léonce.

Parce que je suis près de papa et que vous êtes plus loin.

Sophie.

Mais il nous verra tout comme toi.

Léonce.

Enfin, c’est comme ça. Papa l’a dit. »

Sophie et Arthur pleurent à demi ; ils s’affligent davantage à mesure que Léonce devient blanc et propre. Léonce les regarde d’un air moqueur. La bonne a pitié des pauvres petits et gronde Léonce de ses airs triomphants et narquois. L’heure du dîner sonne, le valet de chambre vient chercher les enfants pour dîner. Léonce s’avance le premier, gaiement. Tous trois rentrent au salon, où se trouvaient leur oncle, leur tante et deux amis. Surprise générale à l’aspect de Sophie et d’Arthur changés en nègres.

Le papa.

Dans quel état vous présentez-vous ici, mes enfants ? Pourquoi ne vous êtes-vous pas lavés !

Léonce, les yeux baissés.

Parce que maman l’avait défendu.