Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/78

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Et Léonce sanglotait si bruyamment, que Sophie l’entendit de sa chambre. Inquiète du chagrin de son frère, qu’elle aimait malgré ses fréquentes méchancetés, elle courut vers lui pour savoir la cause de sa douleur.

Léonce ne l’entendit pas et ne la vit pas entrer ; la tête cachée dans ses mains, il gémissait et pleurait, ne songeant qu’à son malheur.

Sophie s’approcha, lui passa le bras autour du cou et lui dit d’une voix tremblante d’émotion :

« Mon pauvre Léonce, qu’as-tu donc pour pleurer si fort ? »

Léonce leva la tête, et, apercevant les yeux de Sophie pleins de larmes, il en fut touché ; il lui rendit ses baisers et lui répondit à travers ses sanglots :

« Sophie, Sophie, je suis malheureux ! Je serai bien plus malheureux. Papa veut m’emmener demain pour me mettre au collège. »

Sophie poussa un cri.

Sophie.

Au collège ! Pauvre Léonce ! Que vas-tu devenir avec ces méchants maîtres qui ne cesseront de te gronder et de te punir, et des méchants camarades qui ne penseront qu’à te tourmenter ? Va vite demander pardon à papa. Dis que tu ne le feras plus… Et qu’as-tu fait ? ajouta Sophie par réflexion.

Léonce.

J’ai conseillé à Arthur d’allumer les poils de Bijou pour les raccourcir et les noircir, et ils ont manqué de brûler tous les deux.