Page:Ségur - Les Bons Enfants, édition 1893.djvu/86

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la lâcheté du grand qui assommait Léonce de ses gros poings et de ses gros pieds ; ils se jetèrent entre les combattants et donnèrent une bonne rossée au grand garçon, dont le nom était Justin. Ils félicitèrent Léonce de son courage, ainsi qu’Arthur, qui, tout petit qu’il était, était accouru au secours de son frère ; tous deux avaient reçu plusieurs coups de poing et coups de pied. Leurs camarades les portèrent en triomphe tout autour du cercle de leurs jeux ; ils chassèrent Justin de leur société, le déclarèrent banni à tout jamais. Justin, furieux, alla se proposer dans un autre cercle, composé de tous les querelleurs, batailleurs, vauriens, chassés des autres jeux. Celui dans lequel se trouvaient Léonce et Arthur prit le nom de cercle des Vrais Français, et celui de Justin fut connu sous celui de Bersaglieri. Jamais ils ne se mêlaient dans leurs jeux. Il arriva quelquefois que les Bersaglieri cherchèrent à provoquer les Vrais Français par des injures et des mottes de terre lancées dans les groupes. Mais les Vrais Français dédaignaient ces insultes, faisaient les cornes à leurs ennemis et continuaient leurs jeux, protégés par les gardiens des Tuileries, qui les reconnaissaient à leur docilité et à leur politesse.