Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/103

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— Au moulin de la forêt, mes enfants. »

Marguerite fit une petite grimace, parce que le moulin était au bout d’une longue avenue et que la poupée était un peu lourde pour ses petits bras.

Arrivée à la moitié du chemin, Mme de Fleurville, qui craignait que les enfants ne fussent fatiguées, s’assit au pied d’un gros arbre, et leur dit de se reposer pendant qu’elle lirait ; elle tira un livre de sa poche ; Marguerite s’assit près d’elle, mais Camille et Madeleine, qui n’étaient pas fatiguées, couraient à droite, à gauche, cueillant des fleurs et des fraises.

« Camille, Camille, s’écria Madeleine, viens vite ; voici une grande place pleine de fraises. »

Camille accourut et appela Marguerite.

« Marguerite, Marguerite, viens aussi cueillir des fraises : elles sont mûres et excellentes. »

Marguerite se dépêcha de rejoindre ses amies, qui déposaient leurs fraises dans de grandes feuilles de châtaignier. Elle se mit aussi à en cueillir ; mais, gênée par sa poupée, elle ne pouvait à la fois les ramasser et les tenir dans sa main, où elles s’écrasaient à mesure qu’elle les cueillait.

« Que faire, mon Dieu ! de cette ennuyeuse poupée ? se dit-elle tout bas ; elle me gêne pour courir, pour cueillir et garder mes fraises. Si je la posais au pied de ce gros chêne ?… il y a de la mousse ; elle sera très bien. »