Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/106

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vent, des larges gouttes qui les mouillaient, et elles espéraient bien recevoir tout l’orage avant d’arriver à la maison. Mais elles entraient dans le vestibule au moment où la grêle et la pluie commençaient à leur fouetter le visage et à les tremper.

« Allez vite changer de souliers, de bas et de jupons, mes enfants », dit Mme de Fleurville.

Et elle-même monta dans sa chambre pour ôter ses vêtements mouillés.

Il fut impossible de sortir pendant tout le reste de la soirée ; la pluie continua de tomber avec violence ; les petites jouèrent à cache-cache dans la maison ; Mmes de Fleurville et de Rosbourg jouèrent avec elles jusqu’à huit heures. Marguerite alla se coucher ; Camille et Madeleine, fatiguées de leurs jeux, prirent chacune un livre ; elles lisaient attentivement : Camille, le Robinson suisse, Madeleine, les Contes de Grimm, lorsque Marguerite accourut en chemise, nu-pieds, sanglotant et criant.

Camille et Madeleine jetèrent leurs livres et se précipitèrent avec terreur vers Marguerite. Mmes de Fleurville et de Rosbourg s’étaient aussi levées précipitamment et interrogeaient Marguerite sur la cause de ses cris.

Marguerite ne pouvait répondre ; les larmes la suffoquaient. Mme de Rosbourg examina ses bras, ses jambes, son corps, et, s’étant assurée que la petite fille n’était pas blessée, elle s’inquiéta plus encore du désespoir de Marguerite.