Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/121

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fois, tu accourais au-devant de moi quand je venais au moulin. »

Pas de réponse ; Jeannette reste la tête baissée.

« Jeannette, où as-tu trouvé la belle poupée qu’on a vue chez toi l’autre jour ? »

Jeannette, avec vivacité.

Suzanne est une menteuse ; elle n’a point vu de poupée ; je ne lui ai rien dit ; je n’ai parlé de rien, c’est des menteries qu’elle vous a faites.

Madame de Fleurville.

Comment sais-tu que c’est Suzanne qui me l’a dit ?

Jeannette, très vivement.

Parce qu’elle me fait toujours de méchantes choses ; elle vous a conté des sottises.

Madame de Fleurville.

Mais, encore une fois, pourquoi accuses-tu Suzanne, puisque je ne te l’ai pas nommée ?

Jeannette.

Faut pas croire Suzanne ni les autres ; je n’ai point dit qu’on m’avait donné la poupée ; je n’en ai point, de poupée ; c’est tout des menteries.

Madame de Fleurville.

Plus tu parles et plus je vois que c’est toi qui mens ; tu as peur que je ne te reprenne la poupée que tu as trouvée dans le bois le jour de l’orage.

Jeannette.

Je n’ai peur de rien ; je n’ai rien trouvé sous le chêne, et je n’ai point la poupée de Mlle Marguerite.