Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/125

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as ouvert ta bouche pleine de menteries. Tu vas avoir le fouet tout à l’heure : tu ne perdras rien pour attendre. »

Jeannette pleurait, criait, suppliait, protestait qu’elle ne le ferait plus jamais. La mère Léonard, loin de se laisser attendrir, la repoussait de temps en temps avec un soufflet ou un bon coup de poing. Mme de Fleurville, craignant que la correction ne fût trop forte, chercha à calmer la mère Léonard, et réussit à lui faire promettre qu’elle ne fouetterait pas Jeannette et qu’elle se contenterait de l’enfermer dans sa chambre pour le reste de la journée. Les enfants étaient consternées de cette scène ; les mensonges répétés de Jeannette, sa confusion devant la poupée retrouvée, la colère et les menaces de la mère Léonard les avaient fait trembler. Mme de Fleurville remit à Marguerite sa poupée sans mot dire, dit adieu à la mère Léonard, et sortit avec Mme de Rosbourg, suivie des trois enfants. Elles marchaient depuis quelques instants en silence, lorsqu’un cri perçant les fit toutes s’arrêter ; il fut suivi d’autres cris plus perçants, plus aigus encore, c’était Jeannette qui recevait le fouet de la mère Léonard. Elle la fouetta longtemps : car, à une grande distance, les enfants, qui s’étaient remises en marche, entendaient encore les hurlements, les supplications de la petite voleuse. Cette fin tragique de l’histoire de la poupée perdue les laissa pour toute la jour-