Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/131

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et Marguerite avaient peur pour la pauvre Sophie ; elles restèrent dans le petit salon, tremblant aussi et écoutant de toutes leurs oreilles.

Madame Fichini, avec colère.

Approchez, petite voleuse ; pourquoi avez-vous bu le vin ?

Sophie, tremblante.

Quel vin, maman ? Je n’ai pas bu de vin.

Madame Fichini, la poussant rudement.

Quel vin, menteuse ? Celui du carafon qui est dans mon cabinet de toilette.

Sophie, pleurant.

Je vous assure, maman, que je n’ai pas bu votre vin, que je ne suis pas entrée dans votre cabinet.

Madame Fichini.

Ah ! vous n’êtes pas entrée dans mon cabinet ! et vous n’êtes pas entrée par la fenêtre ! et qu’est-ce donc que ces marques que vos pieds ont laissées sur le sable, devant la fenêtre du cabinet ?

Sophie.

Je vous assure, maman…

Mme Fichini ne lui permit pas d’achever : elle se précipita sur elle, la saisit par l’oreille, l’entraîna dans la chambre à côté, et malgré les protestations et les pleurs de Sophie elle se mit à la fouetter, à la battre jusqu’à ce que ses bras fussent fatigués. Mme Fichini sortit du cabinet toute rouge de colère. La malheureuse Sophie la suivait en