Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/139

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toute comme si elle s’était battue avec une armée de chats ; c’est toi qu’es cause de tout cela ; eh bien ! est-ce qu’elle t’en tient de la rancune ? Pas la moindre, et encore elle demande ta grâce. Et que tu peux lui brûler une fière chandelle, car je t’aurais châtiée de la bonne manière. Mais, par égard pour cette bonne mam’selle, je te pardonne ; prie le bon Dieu qu’il te pardonne bien aussi ; t’as fait une sottise pommée, vois-tu, ne recommence pas. »

Palmyre pleurait d’attendrissement et de repentir ; Sophie était heureuse d’avoir épargné à Palmyre les douleurs qu’elle venait de ressentir elle-même si rudement. La mère Louchet était reconnaissante de n’avoir pas à battre Palmyre, qu’elle aimait tendrement, et qu’elle ne punissait jamais sans un vif chagrin ; elle remercia donc Sophie du fond du cœur. Au milieu de cette scène, Camille, Madeleine et Marguerite entrèrent ; la mère Louchet leur raconta ce qui venait de se passer et combien Sophie avait été généreuse pour Palmyre. Sophie fut embrassée et approuvée par ses trois amies.

« Ma bonne Sophie, lui demanda Camille, ne te sens-tu pas heureuse d’avoir épargné à Palmyre la punition qu’elle méritait, et d’avoir résisté au désir de te venger de ce que tu avais injustement souffert par sa faute ?

— Oui, chère Camille, répondit Sophie ; je suis