Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/142

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nous permettre de l’emmener ce soir ? Vous auriez ainsi toute liberté pour faire vos préparatifs de voyage.

Mme Fichini, honteuse d’avoir été convaincue d’injustice envers Sophie devant tout le monde, n’osa pas refuser la demande de Mme de Rosbourg, et, appelant sa belle-fille, elle lui dit d’un air maussade :

« Vous partirez donc ce soir, mademoiselle ; je vais faire préparer vos effets. (Sophie ne peut dissimuler un mouvement de joie.) Je pense que vous êtes enchantée de me quitter ; comme vous n’avez ni cœur ni reconnaissance, je ne compte pas sur votre tendresse, et vous ferez bien de ne pas trop compter sur la mienne. Je vous dispense de m’écrire, et je ne me tuerai pas non plus à vous donner de mes nouvelles, dont vous vous souciez autant que je me soucie des vôtres. (Se tournant vers ces dames.) Allons dîner, chères dames ; à mon retour, je vous inviterai avec tous nos voisins ; je vous ferai la lecture de mes impressions de voyage ; ce sera charmant. »

Et ces dames, suivies des enfants, allèrent se mettre à table. Sophie profita, comme d’habitude, de l’oubli de sa belle-mère pour manger de tout ; cet excellent dîner et la certitude d’être emmenée le soir même par Mme de Fleurville achevèrent d’effacer la triste impression de la scène du matin.

Après dîner, les petites allèrent avec Sophie