Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sophie se précipite sur le sien et se dirige vers la porte, de peur d’être oubliée ; Mme Fichini dit adieu à ces dames et aux enfants ; elle appelle Sophie d’un ton sec.

« Venez donc me dire adieu, mademoiselle. Vilaine sans cœur, vous avez l’air enchantée de vous en aller ; je suis bien sûre que ces demoiselles ne quitteraient pas leur maman sans pleurer.

— Maman ne voyagerait pas sans moi, certainement, dit Marguerite avec vivacité, ni Mme de Fleurville sans Camille et Madeleine ; nous aimons nos mamans parce qu’elles sont d’excellentes mamans ; si elles étaient méchantes, nous ne les aimerions pas. »

Sophie trembla, Camille et Madeleine sourirent. Mmes de Fleurville et de Rosbourg se mordirent les lèvres pour ne pas rire, et Mme Fichini devint rouge de colère ; ses yeux brillèrent comme des chandelles ; elle fut sur le point de donner un soufflet à Marguerite, mais elle se contint, et, appelant Sophie une seconde fois, elle lui donna sur le front un baiser sec et lui dit en la repoussant :

« Je vois, mademoiselle, que vous dites de moi de jolies choses à vos amies ! prenez garde à vous ; je reviendrai un jour ! Adieu ! »

Sophie voulut lui baiser la main ; Mme Fichini la frappa du revers de cette main en la lui retirant avec colère. La petite fille s’esquiva et monta avec précipitation dans la voiture.