Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/159

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Sophie.

Ah ! par exemple ! Vas-tu pas me faire croire que la femme Jean est habituée à vivre de confitures ?

Camille.

C’est précisément parce qu’elle n’en a jamais que nous lui en donnerons quand nous en aurons.

Sophie.

Pourquoi ne mange-t-elle pas du pain, des légumes et du beurre ? Je ne me donnerai certainement pas la peine de faire des confitures pour une pauvresse.

Marguerite.

Et qui te demande d’en faire, orgueilleuse ? Est-ce que nous avons besoin de ton aide ? ne vois-tu pas que c’est pour s’amuser que Camille t’a proposé de nous aider ?

Sophie.

D’abord, mademoiselle, il y a des cerises qui sont pour moi là-dedans ; et j’ai droit à les avoir.

Marguerite.

Tu n’as droit à rien ; on ne t’a rien donné ; mais, comme je ne veux pas être gourmande et avare comme toi, tiens, tiens.

En disant ces mots, Marguerite prit une grande poignée de cerises et les lança à la tête de Sophie, qui, déjà un peu en colère, devint furieuse en les recevant ; elle s’élança sur Marguerite et lui donna