Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/226

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« Remets-toi, mon enfant, lui dit Mme de Rosbourg avec bonté en la relevant ; ce n’est pas à moi que tu dois adresser de tels remerciements, mais au bon Dieu, qui m’a permis de te rencontrer et de soulager votre misère. Calme-toi pour ne pas agiter ta mère ; avec du repos et une bonne nourriture elle se remettra promptement. Voici Élisa qui lui apporte une soupe et un verre de vin chaud sucré. Et toi, ma pauvre enfant, qui es presque aussi exténuée que ta mère, mets-toi à table et mange le petit repas que t’a préparé Élisa. »

Les enfants entraînèrent Lucie dans la pièce à côté et lui servirent son dîner, pendant qu’Élisa et Mme de Rosbourg faisaient manger Françoise. Camille lui servit de la soupe, Madeleine un morceau de bœuf, Sophie de l’omelette, et Marguerite lui versait à boire. Lucie ne se lassait pas de regarder, d’admirer, de remercier ; elle appelait les enfants : mes chères bienfaitrices, ce qui amusa beaucoup Marguerite.

Quand Lucie eut fini de manger, les quatre petites se précipitèrent pour l’habiller ; elles faillirent la mettre en pièces, tant elles se dépêchaient de la débarrasser de ses haillons et de la revêtir des effets qu’elles avaient apportés. Lucie ne put s’empêcher de pousser quelques petits cris tandis que l’une lui arrachait des cheveux en enlevant son bonnet sale, que l’autre lui enfonçait une