Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/241

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passer quelqu’un qui pourra nous ramener ; et puis il fera moins humide qu’au bord de l’eau.

— Nous allons encore nous déchirer dans les épines, dit Marguerite.

— Il faut pourtant essayer de nous retrouver ; nous ne pouvons rester ici. »

Marguerite se leva en soupirant et suivit Sophie, qui chercha à lui rendre le passage moins pénible en marchant la première. Après bien du temps et des efforts, elles se retrouvèrent enfin sur le chemin. La nuit était venue tout à fait ; elles ne voyaient plus où elles allaient, et elles se résolurent à attendre jusqu’au lendemain.

Il y avait une heure environ qu’elles étaient assises près d’un arbre, lorsqu’elles entendirent un frou-frou dans le bois ; ce bruit semblait être produit par un animal qui marchait avec précaution. Immobiles de terreur, les pauvres petites avaient peine à respirer ; le frou-frou approchait, approchait ; tout à coup, Marguerite sentit un souffle chaud près de son cou ; elle poussa un cri, auquel Sophie répondit par un cri plus fort ; elles entendirent alors un bruit de branches cassées, et elles virent un gros animal qui s’enfuyait dans le bois. Moitié mortes de peur, elles se resserrèrent l’une contre l’autre, n’osant ni parler, ni faire un mouvement, et elles restèrent ainsi jusqu’à ce qu’un nouveau bruit, plus effrayant, vînt leur rendre le courage de se lever et de chercher leur salut dans