Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la fuite : c’étaient des branches cassées violemment et un grognement entremêlé d’un souffle bruyant, auquel répondaient des grognements plus faibles. Tous ces bruits partaient également du bois en se rapprochant du chemin. Sophie et Marguerite, épouvantées, se mirent à courir ; elles se heurtèrent contre un arbre dont les branches traînaient presque à terre ; dans leur frayeur, elles s’élancèrent dessus, et, grimpant de branche en branche, elles se trouvèrent bientôt à une grande hauteur et à l’abri de toute attaque. Combien elles remercièrent le bon Dieu de leur avoir fait rencontrer cet arbre protecteur ! et en effet elles venaient d’échapper à un grand danger : l’animal qui arrivait droit sur elles était un sanglier suivi de sept à huit petits. Si elles étaient restées sur son passage, il les aurait déchirées avec ses défenses. La peur qu’avaient eue et qu’avaient encore Sophie et Marguerite faisait claquer leurs dents et les avait rendues si tremblantes qu’elles pouvaient à peine se tenir sur l’arbre où elles étaient montées. Le sanglier s’était éloigné, et tout redevenait tranquille, lorsque le bruit du roulement d’une voiture vint ranimer les forces défaillantes des pauvres petites. Leur espérance augmentait à mesure que la voiture se rapprochait ; enfin le pas d’un cheval résonna distinctement ; bientôt elles entendirent siffler l’homme qui menait la charrette. Il approchait, elles allaient être sauvées.