Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/287

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qu’Élisa était dans son lit, Camille ne la quittait plus ; elle lui donnait à boire, chauffait ses cataplasmes, lui mouillait la tête avec de l’eau fraîche. Il fallut toute son obéissance aux ordres de sa mère pour l’empêcher de passer la nuit auprès de sa chère Élisa.

« C’est en me soignant qu’elle est devenue malade, répétait-elle en pleurant : il est juste que je la soigne à mon tour. »

Élisa ne sentait pas la douceur de cette tendresse touchante : depuis la veille elle était sans connaissance ; elle ne parlait pas, n’ouvrait même pas les yeux. On lui mit vingt sangsues aux pieds sans qu’elle eût l’air de les sentir ; son sang coula abondamment et longtemps ; enfin on l’arrêta, on lui enveloppa les pieds de coton. Le lendemain tout son corps se couvrit de plaques rouges : c’était la petite vérole qui sortait. En même temps elle éprouva un mieux sensible ; ses yeux purent s’ouvrir et supporter la lumière ; elle reconnut Camille qui la regardait avec anxiété, et lui sourit ; Camille saisit sa main brûlante et la porta à ses lèvres.

« Ne parle pas, ma pauvre Élisa, lui dit-elle, ne parle pas, maman et moi, nous sommes près de toi. »

Élisa ne pouvait pas encore répondre ; mais, en reprenant l’usage de ses sens, elle avait repris le sentiment des soins que lui avaient donnés Camille