Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/290

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Camille.

Maman, qui n’a pas eu comme moi la petite vérole, pourra vous embrasser tout à l’heure ; elle est allée changer ses vêtements, qui sont imprégnés de l’air de la chambre d’Élisa. »

Les enfants continuèrent à causer et à se raconter les événements de leur vie simple et uniforme. Bientôt arriva Mme de Fleurville avec Mme de Rosbourg ; les enfants se précipitèrent vers elle et l’embrassèrent bien des fois, pendant que Mme de Rosbourg embrassait Camille. Depuis trois semaines Mme de Fleurville n’avait vu les enfants que de loin et à la fenêtre. Le matin même, le médecin avait déclaré qu’il n’y avait plus aucun danger de gagner la petite vérole ni par elle ni par Camille ; mais Élisa devait encore rester éloignée jusqu’à ce que ses croûtes fussent tombées.

Le lendemain il y avait grande agitation parmi les enfants ; Élisa devait se montrer à la fenêtre après déjeuner. Une heure d’avance, elles étaient comme des abeilles en révolution ; elles allaient, venaient, regardaient à la pendule, regardaient à la fenêtre, préparaient des sièges ; enfin elles se rangèrent toutes quatre sur des chaises, comme pour un spectacle, et attendirent, les yeux levés. Tout à coup, la fenêtre s’ouvrit et Élisa parut.

« Élisa, Élisa, ma pauvre Élisa ! » s’écrièrent Camille et Madeleine, que les larmes empêchèrent de continuer.