Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/310

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Marguerite.

Assez, assez, grand Dieu ! comme en voilà ! Et c’est toi qui feras tout cela ?

Élisa.

Et qui donc ? sera-ce vous, par hasard ?

Camille.

Eh bien, oui ; nous t’aiderons toutes pendant deux jours.

Élisa, riant.

Merci bien, mes chéries ! J’aurais là de fameuses ouvrières, qui me gâcheraient mon ouvrage au lieu de l’avancer ! Du tout, du tout, à chacun son affaire. Amusez-vous ; courez, sautez, mangez sur l’herbe ; mon devoir à moi est de travailler : d’ailleurs, je suis trop vieille pour gambader et courir les forêts.

Sophie.

Vous dansiez pourtant joliment le jour du bal.

Élisa.

Oh ! cela c’est autre chose : c’est pour entretenir les jambes. Mais sans plaisanterie, mes chères enfants, ne me forcez pas à être de la partie de demain, j’en serais contrariée. Une bonne est une bonne, et n’est pas une dame qui vit de ses rentes ; j’ai mon ouvrage et je dois le faire.

L’air sérieux d’Élisa mit un terme à l’insistance des enfants ; elles l’embrassèrent et la quittèrent pour aller raconter à leurs mamans le refus d’Élisa.

« Élisa, dit Mme de Fleurville, fait preuve de