Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/96

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« Camille ! Camille ! où es-tu donc ? nous te cherchons depuis un quart d’heure. »

Camille sécha promptement ses larmes, mais elle ne put cacher la rougeur de ses yeux et le gonflement de son visage.

« Camille, ma chère Camille, pourquoi pleures-tu ? lui demanda Marguerite avec inquiétude.

— Je… ne pleure pas : seulement… j’ai…, j’ai… du chagrin. »

Et, ne pouvant retenir ses pleurs, elle recommença à sangloter. Madeleine et Marguerite l’entourèrent de leurs bras et la couvrirent de baisers, en lui demandant avec instance de leur confier son chagrin.

Aussitôt que Camille put parler, elle leur raconta qu’on la soupçonnait d’avoir mangé les belles poires que leur maman conservait si soigneusement. Sophie, qui était restée impassible jusqu’alors, rougit, se troubla, et demanda enfin d’une voix tremblante d’émotion : « Est-ce que tu n’as pas dit… que tu savais…, que tu connaissais… »

Camille.

Oh non ! je ne l’ai pas dit ; je n’ai rien dit.

Madeleine.

Comment ! est-ce que tu sais qui a pris les poires ?

Camille, très bas.

Oui.